Saisir l’action publique en Afrique à travers les instruments – S. Schlimmer et P. Lavigne Delville

Saisir l’action publique en Afrique à travers les instruments – S. Schlimmer et P. Lavigne Delville

Sina Schlimmer, chercheure associée à LAM, coordonne avec Philippe Lavigne Delville un dossier thématique publié dans la Revue internationale de politique comparée (2020/2-3, vol. 27), intitulé : « Saisir l’action publique en Afrique à travers les instruments » et publié chez De Boeck Supérieur.

Les contributions au numéro soulignent les caractères historiques et politiques des techniques de gouvernement (les cartes, les plans, les outils de management, les normes ISO, etc.) et nous emmènent au Bénin, au Kenya, en Ouganda et en Tanzanie.

Extrait de l’avant-propos :

Ce dossier thématique s’intéresse à l’instrumentation de l’action publique comme révélatrice des recompositions du politique en Afrique. Ce terme recouvre « l’ensemble des problèmes posés par le choix et l’usage des outils (des techniques, des moyens d’opérer, des dispositifs) qui permettent de matérialiser et d’opérationnaliser l’action gouvernementale » (Lascoumes & Le Galès, 2004b, p. 14). La thématique des « outils » (« tools of government ») est posée depuis longtemps dans la littérature anglophone sur l’analyse des politiques publiques (Hood, 1983), et fait l’objet d’approches variées (Margetts & Hood, 2016). Mais ce n’est qu’au cours des années 2000 que les questionnements en termes d’instruments d’action publique (IAP) et d’instrumentation de l’action publique ont été développés en langue française (Halpern, Lascoumes, & Le Galès, 2014a ; Lascoumes & Le Galès, 2004a ; Le Galès, 2011). Définissant l’instrument comme « un dispositif à la fois technique et social qui organise des rapports sociaux spécifiques entre la puissance publique et ses destinataires en fonction des représentations et des significations dont il est porteur » (Lascoumes & Le Galès, 2004b, p. 15), cette approche se situe dans ce que Margetts et Hood (2016, p. 140) qualifient « d’approches mixtes », centrées ni sur le choix par les gouvernements entre des instruments prédéfinis, ni sur la recherche d’une liste ou de typologies universelles d’instruments. S’inscrivant dans la « french touch » de l’analyse des politiques publiques (Boussaguet, Jacquot, & Ravinet, 2015), elle propose un questionnement de sociologie politique, et interroge les rapports complexes entre les instruments et la politique publique qu’ils sont censés servir, mettant en avant l’autonomie partielle des instruments ainsi que leurs effets propres, non prévus et parfois non souhaités (voir aussi Howlett, 1991 ; Howlett & Ramesh, 1993).

En savoir plus