Clémentine CHAZAL est Docteure en Science politique
Le 12 septembre 2024, Clémentine Chazal a obtenu le grade de Docteure de l’Université de Bordeaux – École Doctorale Sociétés, Politiques et Santé Publique, spécialité Science politique.
Thèse intitulée : « Du Cap de Bonne Espérance à la Pointe de Grave : une étude du vin nature et de ses enjeux politiques – Mobilisations environnementales et transformation de la production vitivinicole » a été menée sous la direction de
Thèse effectuée sous la direction de :
– M. Dominique DARBON, Professeur des universités, Directeur de Sciences Po Bordeaux
– et M. Andy SMITH, Directeur de recherche CNRS à Sciences Po Bordeaux
Composition du jury :
M. Dominique DARBON Sciences Po Bordeaux | Co-directeur de thèse
M. Smith ANDY Sciences Po Bordeaux | Co-directeur de thèse
Mme Sylvie OLLITRAULT Université Paris Nanterre | Rapporteure
M. Stefano PONTE Copenhagen Business School | Rapporteur
M. Antoine ROGER Sciences Po Bordeaux | Examinateur
Mme Cheryl MCEWAN Durham University | Examinatrice
Mme Marie HRABRANSKI CIRAD | Examinatrice
Résumé :
Au sein de l’industrie vinicole actuelle, un changement de paradigme est en cours alors que de plus en plus de vignerons
remettent en question les pratiques conventionnelles fordistes et les techniques viticoles intensives. Pourtant, cette rupture
avec le modèle industriel reste confinée à une cohorte restreinte de producteurs, de vignerons pionniers qui transforment
la production de vin en défendant la protection de l’environnement, le soin écologique, la viticulture à petite échelle et le
renouveau de l’artisanat. Ces pratiques alternatives se manifestent par l’émergence du mouvement des vins nature, un
segment de niche du marché du vin qui a attiré l’attention des professionnels du vin, des médias spécialisés et des critiques
internationaux, suscitant des réactions vives de toutes parts. Cette recherche part de l’absence de définition technique du
vin nature, l’examinant non pas comme un produit ni une marchandise, mais comme un mouvement social de résistance et
une évolution du marché. Cette recherche doctorale repose sur trois hypothèses clés. Premièrement, j’affirme que le
mouvement des vins nature agit comme une plateforme de résistance et d’innovations radicales, notamment pour les petits
vignerons indépendants qui en faisant émerger un nouveau cadre cognitif créént un précédent au sein d’une industrie
hautement normée, réglementée et symboliquement chargée. Deuxièmement, je soutiens que le mouvement des vins
nature est apparu dans toutes les régions viticoles, tant dans ce qu’on appelle la « Vieille Europe » que le « Nouveau Monde
». Par conséquent, le mouvement des vins nature peut être considéré comme un réseau transnational avec une identité
internationale qui traverse les régions viticoles et une diversité d’ancrages locaux. Troisièmement, je soutiens que le réseau
des vins nature permet un projet politique de diffusion de nouveaux savoirs et savoir-faire dans le secteur vinicole, en
proposant des voies alternatives de productions et en présentant des techniques innovantes tout le long de la chaine de
valeur du vin. Dans cette presepctive, le réseau des vins nature se pose en agent de changement progressif mais structurel
au sein de l’industrie vinicole. Adoptant une perspective à la croisée entre la sociologie politique et l’économie politique, et
utilisant des méthodes qualitatives, y compris des entretiens et des observations, ainsi que l’analyse des réseaux sociaux,
cette étude explore l’émergence du mouvement des vins nature dans deux régions viticoles distinguées : la province du
Cap-Occidental en Afrique du Sud et la région de Bordeaux en France