Organisée par : Hugo Vosila, Tiago Pires Da Cruz.

« Les objectifs français de neutralité carbone à horizon 2050 fixés par la SNBC imposent d’accentuer “les actions en faveur du développement des énergies renouvelables et de récupération” (Orientation E1, SNBC, 2020). Si elle occupe une place plus discrète que l’éolien ou le solaire, la production de biogaz est amenée à s’intensifier et être plus que doublée pour atteindre jusqu’à 32 TWh nationaux en 2028 (PPE, 2020). Dans cette perspective, le déploiement d’unités de production de biométhane (principalement par la méthanisation agricole) connaît une accélération soutenue, à différentes échelles. En région Nouvelle-Aquitaine, c’est plus de 45 nouveaux projets de production biogazière par an qui sont envisagés, pour atteindre 830 unités productrices de gaz vert en 2050. 

Contrairement au gaz naturel qu’on trouve sous forme de gisement, et principalement importé comme GNL, la production de biométhane est essentiellement manufacturée : digestion anaérobie de résidus agricoles, pyrogazéification de biomasse sèche. L’alimentation des unités par des substrats méthanisables confère au gaz vert une assise davantage territoriale et localisée que son homologue fossile, susceptible de favoriser des formes d’économie circulaire (Williot, 2020). Ces procédés de fabrication distinguent également le biométhane des autres énergies renouvelables, solaires et éoliennes, dont les modes de production sont plus immédiats. Cependant, à l’inverse de ces dernières, les trajectoires du déploiement du biométhane ont jusqu’alors peu été étudiées. 

L’objectif de la journée, organisée par plusieurs axes et séminaires du Centre Émile Durkheim à Bordeaux, est d’ouvrir les méthodes, hypothèses, et éventuels résultats des chercheurs se penchant sur les questions de biométhanisation à la communauté des politistes. Chaque participant y est invité à présenter ses travaux à la lumière d’un concept issu des SHS, dont il pourra défendre ou discuter la pertinence pour comprendre le développement de cette forme d’énergie décarbonée. Il ne s’agit pas de limiter la discussion à la proposition de résultats (qui restent bienvenus), mais de l’ouvrir à la discussion de ses éléments d’analyse et de réflexion, y compris en comptant sur la participation de non-spécialistes des questions de biométhanisation.