David MBUTHIA
Domaines
HistoireAires géographiques
KenyaBiographie
David Mbuthia a soutenu sa thèse le 17 décembre 2020 à l’UPPA sur le thème : « Négocier les identités nationales et sous-nationales, la fabrique du patrimoine dans le Kenya de la décentralisation : l’exemple du site culturel de Mukurwe wa Nyagathanga », sous la direction de Christian Thibon.
Résumé de sa thèse :
La fabrique du patrimoine qui repose sur une, des patrimonialisations est le processus dans lequel divers acteurs attribuent des valeurs différentes à l’identité culturelle fondée sur des intérêts spécifiques. En tant que produit de la vie quotidienne, le patrimoine est créé et recréé aux travers des perceptions et des pratiques motivées par diverses raisons sociales, économiques ou politiques…
Au Kenya, comme dans la plupart des pays africains, la patrimonialisation de la culture a toujours été utilisée par les groupes ethniques et autres composantes sous-nationales dans la création et le maintien d’identités ethno-politiques, locales et régionales. D’autre part, il a été utilisé par l’État dans la création perpétuelle de l’identité nationale kenyane et de l’État-Nation. Historiquement, les forces centrifuges qui créent des identités ethno-politiques et locales ont été vues pour s’opposer à la force centripète orientée vers la création de l’identité nationale kenyane et l’État-Nation. Près de 60 ans après l’indépendance, la réalisation d’une identité et d’une nation kényane unitaires a été entravée par la politisation ethnique perpétuelle et la centralisation de l’État instituée en partie par l’instrumentalisation et la patrimonialisation identitaire.
Si les origines de l’objectivation, de l’institutionnalisation et de la politisation de l’ethnicité et de la centralisation de l’État ont été attribuées à la période coloniale, la patrimonialisation politique perpétuelle de l’identité ethnique et de l’ethnicisation de l’État par l’élite politique dans la période postcoloniale a conduit à une animosité ethnique qui a culminé avec les violences post-électorales de 2007-2008. Le désir et la détermination des Kenyans d’imaginer et de « créer » une nouvelle nation kenyane avec des chances égales pour tous ont conduit à la promulgation d’une nouvelle constitution le 4 août 2010. La constitution, qui repose sur la dévolution du pouvoir au peuple, a été annoncée comme la concrétisation d’une nation kenyane unitaire. En reconnaissant « la culture comme le fondement de la nation et comme la civilisation cumulative du peuple et de la nation kenyanes (Art. 11), la Constitution promeut le concept d’« unité dans la diversité », tout en préservant les identités culturelles ou ethniques.
Au cours des dix années où la dévolution kenyane a été en place, l’application du concept « Unité dans la diversité » s’est avérée paradoxale. D’une part, le gouvernement national a diversement tenté d’utiliser le patrimoine pour la création supposée de la nation kenyane et de l’identité nationale. D’autre part, les gouvernements des Comtés et les groupes infranationaux (ethniques, religieux politiques) ont continué d’utiliser le patrimoine culturel pour la création d’identités infranationales (ethniques, religieuses, locales et régionales).
Au travers de l’étude de cas, cette étude analyse comment différents acteurs ont continué d’utiliser le patrimoine culturel pour créer et mobiliser diverses identités ethno-politiques et régionales contre l’identité nationale et la nation kenyane dont la création reste un projet en cours de l’État. L’étude explore également la possibilité d’avoir un équilibre et une coexistence harmonieuse entre les identités ethno-régionales et l’identité nationale du Kenya dans le contexte de la dévolution. En conclusion, l’étude souligne la nécessité de politiques saines qui permettraient la réalisation d’un tel équilibre pour le bien commun de tous les Kenyans.
Contacter par courriel
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer un courriel à David MBUTHIA